NAS, de son vrai nom Nasir Bin Olu Dara Jones, est un des plus grands rappeurs américains mais aussi une des plus grandes star mondial à cette époque. Il publie l’album « It was Written » en 1996 sous les couleurs de Sony. C’est dans ce projet que réside la version initiale du morceau « Affirmative Action » qui sera revisité en collaboration avec un des plus grands groupes de Hip Hop Français, NTM, composé des rappeurs JoeyStarr et Kool Shen., de leurs vrais noms Didier Morville et Bruno Lopes, tous deux originaires du 93 (Seine Saint Denis) en France.
1. L’envers du décor
Nous allons mettre l’accent sur toute l’ambiance et l’atmosphère qui ont régné pendant la création de cette collaboration. Joey Starr révélera par la suite que cette histoire n’avait pas grand-chose de naturel, ni de spontané. NTM et NAS étaient des artistes signés chez Sony, c’est donc la maison de disque qui avait monté la collaboration pour booster les ventes d’albums du boss de NYC en France. Il n’y a pas réellement eu d’interactions, ni d’échanges entre les Français et le rappeur du Queens bridge, à part un tournage de clip un peu catastrophique, mais qui s’est bien terminé.
2. La collaboration explosive
C’est une réelle fusion transatlantique que nous livrent ces légendes du Hip Hop. En effet, NTM impose son style dans le choix de l’instrumental qui demeure très rap français, c’est aussi une manière de forcer le respect face à un boss mondial comme NAS. « On a soumis la manière dont on voyait la chose », c’est dans une interview pour Radikal que Joeystarr se confie sur ces évènements. En effet, initialement, le groupe francophone ne devait poser que douze mesures à deux sur la collab avec le rappeur américain, qui d’ailleurs a refusé une offre pour poser avec MC Solaar juste avant.
3. Un clip qui échauffe les esprits
Après la finalisation du titre, il s’agissait de faire place à un clip. Le tournage devait au départ se dérouler à New-York, mais suite à des rapports violents entre les rappeurs (Nas qui avait du retard et connotait un manque de respect AZ qui refuse de bosser avec Kool Shen sous prétexte qu’il est blanc…), NTM quitte les États-Unis avec la mort dans l’âme, réalisant que le cliché des rappeurs US cupides et hautains était visible à leurs échelles, ils ont clairement vu le dessous en rencontrant NAS. Les deux rappeurs français proposent à la maison disques de réaliser le clip dans le 93, en banlieue, et de choisir le réalisateur. Sony accepte la requête et voilà que Nas arrive en France, en bas des bâtiments du 93 pour tourner rapidement un des clips les plus mémorables de l’Histoire d’après pas mal de personnes. Joey déclare dans une interview que NAS était quelqu’un comme un autre dans le 93 pour le clip, les gens pouvaient le bousculer pendant le tournage, ce n’est pas la même approche que pour un fan américain, on est en banlieue parisienne ici. Les petits demandent des autographes sans s’incliner, les français restent fiers face au monstre des US qui se dresse devant eux.
4. Le Final
Le clip a donc été tourné en Seine Saint Denis et ce qui est particulièrement frappant, c’est l’image de la banlieue française qui se dégage des prises. Ça sent la rue à plein nez, l’après périphérique de Paname. Cette poésie du bitume en image, ces décors sombres qui dégagent une énergie à la fois repoussante et attirante. Le fait que le clip soit tourné en France en 1997 ne pouvait présager qu’un esprit street propre à cette période de l’histoire du rap français. Bien qu’à cette époque Nas comme NTM étaient déja des artistes à grand succès, c’est lorsque l’on prend du recul, 23 années plus tard que nous nous rendons compte de la grandeur de cette collaboration entre l’un des plus grands lyriciste de l’histoire du rap américain qui sera finalement reconnu de tous comme étant une légende qui aura notamment tenu tête à Jay-z pendant de longues années avec l’un des plus grand groupe de rap français de l’histoire.
« PARIS SOIT CONSIDÉRÉ COMME LA VILLE LA PLUS PROLIFIQUE POUR LE HIPHOP »
Le point noir de cette collaboration, à part l’aspect lucratif de la chose, réside dans la qualité du morceau. Le groupe Français, pourtant l légendaire, est comme bridé et clairement en dessous de NAS, mais nous retiendrons aujourd’hui la force du rap français, qui a toujours vanté un amour et une passion pour les créateurs de cet art mais sans jamais délaisser nos valeurs, c’est ce qui à certainement entraîner la possibilité de refuser une aide dont nos artistes n’ont plus vraiment besoin pour vendre, les nombreux refus de PNL ou encore Niska de collaborer avec des artistes américains en sont la preuve, tout comme le fait qu’en 2019, Paris soit considérée comme la ville la plus prolifique pour le Hip Hop devant Atlanta et New York.
– Article rédigé par @Ycfblue –